Chers tous,
Cette semaine une édition de D7 qui, une fois plus, parle quand même encore beaucoup de “billions” — d’où le titre. C’est que nous sommes rentrés dans l’ère des grands nombres, que l’on parle de politique monétaire, de plan de relance, de levée de fonds, où de variations boursières (et tout ça est bien-sûr un peu lié). On l’a vu cette semaine avec des capitalisations boursières plus grosses que le PIB de beaucoup d’Etats qui variaient en une journée comme des crypto-monnaies (est-ce à dire qu’il y aurait un peu de nervosité ici et là ?) : 26% de baisse pour l’ex-Facebook jeudi (!) et +13,5% pour Amazon vendredi par exemple !
“Billions” naturellement fait aussi référence à un monde, spécialement dans les hedge funds, où réalité et fiction s’entremêlent de plus en plus. Les patrons de hedge funds inspirent par exemple de plus en plus les séries, qui les inspirent en quelque-sorte à leur tour : les jeunes banquiers appelleraient ça une référence circulaire.
Bonne fin de weekend ;)
Amicalement,
Grégory & Sacha
PS : si vous aimez Dimanche Seven, prêchez la bonne parole et faites abonner votre entourage !
Grégory & Sacha
“People, Birds and Sun” par Karel Appel.
💱 An Army of Faceless Suits Is Taking Over the $4 Trillion Hedge Fund World (Bloomberg, 300122)
Par Nishant Kumar
En 2021, presque 100% des nouvelles souscriptions à des hedge funds sont allés vers des fonds de très grande taille aux stratégies ultra-diversifiées, tels que Citadel (Kenneth Cordele Griffin) ou Millennium Management (Israel Englander). Ceux-ci équilibrent leurs risques en s’engageant dans plusieurs types de trading (court ou long-terme) sur plusieurs classes d’actifs (actions, matières premières) aux niveaux de volatilité variés.
L’avènement de ces béhémoths sans visage signe sans doute la fin de l’ère des hedge funds gérés par des investisseurs stars et spécialisés sur un petit nombre de classes d’actifs.
Le succès de ces très grands fonds résulte de leurs performances excellentes et stables ces dernières années, dans un contexte pourtant chaotique.
1 million de dollars investis chez Citadel en 1990 en vaudraient 236 aujourd’hui. Sur la même période, le “HFRI Fund Weighted Composite Index” - qui sert de benchmark” a “seulement” multiplié sa valeur par 18.
En 31 ans, Citadel n’a connu de pertes annuelles qu’une seule fois (-3% en 2008).
Sur les cinq dernières années, 3.350 hedge funds ont pourtant fermé le rideau - généralement car ils étaient construits sur une stratégie unique et on souffert d’un mouvement de marché.
Signe presque troublant de la stabilité de ces grands fonds : les fonds de pension leur fournissent désormais 50% de leur capital sous gestion, alors qu’historiquement c’était les family offices et les grandes fortunes individuelles qui dominaient.
Aujourd’hui, le principal risque n’est pas un mouvement de marché, mais un assèchement soudain des liquidités - qui pourrait par exemple résulter d’un relèvement des taux d’intérêts. Or cette perspective semble de moins en moins lointaine au regard du contexte inflationniste.
💰 Bill Ackman Scored on Pandemic Shutdown and Bounceback (Wall Street Journal, 310122)
Par Liz Hoffman
Bill Ackman est le brillant patron de Pershing Square Capital Management, un des plus grands hedge funds activistes du monde. Il a notamment shorté à hauteur d’un milliard de dollars en 2012 le titre Herbalife, car il était convaincu que le modèle de la société était frauduleux et ne consistait qu’en de la vente pyramidale. Pari short - et bataille boursière homérique — également sur le groupe pharmaceutique Valeant. Résultat des courses d’avant pandémie globale : des pertes considérables pour Persing Square… puis un retour de fortune de série… Netflix (où il vient d’investir) ou plutôt HBO.
“By the time the pandemic began, Pershing Square’s assets had shrunk to less than $7 billion from $20 billion.”
En deux investissements réalisés en 2020 et 2021, Ackman a parié (1) sur le ralentissement des économies du fait du confinement ; (2) sur leur réouverture et leur rebond très rapide. Il a généré 4 milliards de profit dans la manoeuvre.
Ce succès est assez surprenant car Ackman est plutôt un stock picker (qui se concentre sur quelques titres d’entreprises cotées) qu’un macroeconomic trader (qui joue sur les obligations et les matières premières, dont le cours reflète des tendances macro-économiques lourdes).
Ce qui est remarquable est qu’Ackman a répliqué ses stratégies d’investisseur activiste (critiquer ouvertement le management d’une entreprise, appeler directement à l’implémentation de nouvelles stratégies) au champ macroéconomique.
Il a ainsi réalisé en octobre une présentation devant la Fed pour la convaincre d’augmenter ses taux. Depuis, celle-ci a annoncé qu’elle les relèverait à partir de mars, ce qui devrait favoriser d’autres investissements de Pershing Square. Vous pouvez trouver la présentation en clickant ici ;)
Pour en savoir plus sur Bill Ackman, que l’on aime beaucoup à Dimanche Seven, vous pouvez écouter le podcast sur l’excellentissime Farnham Street (clickez ici !).
😱 Facebook lost daily users for the first time ever last quarter (The Verge, 020222)
Par Alex Heath
Pour la première fois depuis son lancement, Facebook a perdu des utilisateurs sur un trimestre - près d’un million, et presque tous en Amérique du Nord, où Meta est le plus profitable.
“Since its inception, Facebook’s user growth has essentially been up and to the right. But on Wednesday, it reported its first-ever quarterly decline of daily users globally, along with lower-than-expected ad growth that sent its stock plunging roughly 20 percent.”
Meta reste très rentable (40 milliards de dollars de profit en 2020), mais a impérativement besoin de cash pour financer sa division Reality Labs, qui est responsable du développement des outils de réalité virtuelle et est le pilier de la nouvelle stratégie du groupe, orientée vers le metaverse.
Celle-ci a perdu 10 milliards de dollars (pour des revenus de 2,3 milliards) cette année et ce chiffre pourrait croître à mesure que les efforts de recherche s’intensifient.
A ce sujet, ci-dessous un tweet pour le moins intéressant :
🎷 Crypto start-ups are still raising serious cash despite a slump in prices (CNBC, 020222)
Par Ryan Browne
La plupart des cryptos ont vu leur valeur baisser drastiquement ces derniers mois - un bitcoin s’échangeait en juin à 33K dollars, contre 69K en novembre. Cela fait craindre un crypto winter (comme fin 2017 et début 2018, quand le bitcoin a perdu 80% de sa valeur). Une cause vraisemblable de la baisse du cours du bitcoin est l’anticipation d’une hausse des taux d’intérêts.
Cependant, les investissements dans les start-ups du secteur des cryptos ont explosé : 25 milliards de dollars levés en 2021 contre 3 milliards en 2020. Florilège :
Fireblocks, qui crée des infrastructures d’échanges très sécurisées pour faciliter l’entrée d’investisseurs institutionnels sur le marché des cryptos, a levé 550 millions de dollars (série D) pour atteindre une valorisation de 8 milliards.
Blockdaemon, qui fait sensiblement la même chose, a levé 155 millions pour une valorisation de 1,3 milliards.
Surtout, l’exchange FTX et ses filiales US ont levé 800 millions de dollars pour une valorisation de 32 milliards et 8 milliards.
Vraisemblablement, même si les cours devaient continuer à baisser, les investissements dans les entreprises du secteur des cryptos continueraient à affluer, car ils ne procèdent désormais plus d’une logique spéculative, mais du désir d’investir à long-terme dans une technologie qui a fait ses preuves sur des use-cases variés.