Chers tous,
Pour cette deuxième édition de Chaos Serenade je voudrais vous faire une confidence : nous ne vivons pas une période très inspirante. Et c’est peut-être ce qui fait que ma plume digitale est plus lourde qu’elle ne l’a été. Sans doute se souviendra-t-on des années 20 du deuxième millénaire de notre ère comme d’un inter-règne où toutes les Nations se cherchent mais aucune ne se trouve.
Sans même déplorer notre retard catastrophique sur la transition écologique, que de dire de la paix, que l’on croyait acquise en Occident depuis des décennies, et qui n’est plus qu’un lointain souvenir, et ce alors même que tout le monde s’abrite derrière le principe vague (et probablement un peu lâche) de co-belligérant ou pas pour nous rassurer : “nous ne sommes pas (directement) en guerre”, quand bien-même nous sommes de facto des acteurs majeurs de la défense héroïque opposée par l’Ukraine 🇺🇦 à la Russie 🇷🇺 qui a renversé d’un revers de main ce semblant d’ordre établi.
Heureusement, en cette année de bear market, de phase B de cycle macroéconomique, d’inflation tant niée et de hausse des taux redoutée mais nécessaire, il y a quelques “mega trends” qui nous mettent du baume au cœur : l’IA qui est sur toutes les lèvres et qui va marquer la nouvelle frontière de la bataille entre les empires technologiques, l’innovation en matière nucléaire et spatiale, ou encore quelques “news” qui nous rappellent les affaires financières que l’on aime.
Une pensée enfin pour les dizaines de milliers de victime du terrible séisme qui a frappé la Turquie 🇹🇷 et la Syrie 🇸🇾. Pour faire un don, voici le lien du Secours populaire.
Excellent dimanche à tous, amitiés,
Grégory
PS : la prochaine édition sera 100% consacrée au monde de la haute-banque, au sens balzacien du terme.
People, Birds and Sun
Karel Appel, 1954
🇺🇦 Zelenskyy seeks to place Ukraine at home in the EU (Politico, Feb. 9, 2023)
Par Eddy Wax, Lili Bayer, Suzanne Lynch et Cory Bonnet
Que dire sinon que la visite en Europe cette semaine du Président Zelensky tenait autant de la série Netflix que de la réalité politique contemporaine ?
Qui aurait dit lors du début de l’invasion russe il y a bientôt un an, que l’Ukraine serait encore debout et son Président en visite à Londres, Paris, et Bruxelles quelques semaines après sa visite superbe aux États-Unis ?
Cela a un nom : la Résilience avec un grand R. C’est une éloge : le Courage avec un grand C.
S’il n’a pas reçu de promesses concrètes des Européens, spécialement en matière d’armement, cette visite n’en n’était pas moins très symbolique, avec en ligne de mire une éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne.
C’est que l’ancien acteur a martelé au Parlement européen que les valeurs démocratiques de l’Union européenne 🇪🇺 et celle de l’Ukraine 🇺🇦 ne faisaient au fond qu’une mais aussi qu’en se maintenant, l’Ukraine défendait l’Europe et son mode de vie (note personnelle de l’auteur : I could not agree more).
“This is our Europe, these are our rules, this is our way of life, and for Ukraine, it’s a way home, a way to home,” he said. And that way home, he said, is the EU.
🇷🇺 Russia’s budget deficit soars as energy revenues slump by almost half (Financial Times, Feb. 6, 2023)
Par Max Seddon et Anastasia Stognei
En janvier dernier, le déficit budgétaire russe a atteint 25 milliards de dollars en raison 1) des sanctions occidentales qui touchent les revenus gaziers et pétroliers et 2) de l’augmentation des dépenses militaires.
Les revenus pétroliers ont ainsi baissé de près de moitié en 1 an alors que les dépenses ont bondi de près de 60% — ce qui corrobore la thèse ukrainienne d’une nouvelle vaste offensive militaire russe en cours de préparation.
Alors que le plafond sur le prix du pétrole russe combiné à un embargo partiel ne fait que débuter, le déficit de janvier représente déjà 60% de ce qui était prévu pour… toute l’année.
En cause : une dynamique désastreuse qui combine hausse considérable des dépenses et baisse considérable des recettes. Le fameux effet ciseau.
Du coup, la Russie 🇷🇺 puise dans ses réserves de devises et d’or et émet de nouvelles dettes.
“But Putin’s “economic mobilisation” drive to support the war effort has driven up spending while sanctions pushed Russia to sell Urals at an average price of $49.48 per barrel last month, a 41 per cent year-on-year drop and well below the $70-per-barrel level assumed in Russia’s budget.”
🤖 Google Opens ChatGPT Rival Bard for Testing, as AI War Heats Up (Wall Street Journal, Feb. 10, 2023)
Par Sam Schechner et Miles Kruppa
Avec le succès retentissant de Microsoft avec Open AI (et l’injection sur plusieurs années de 10 milliards de dollars) + le roll over de Chat GPT dans les outils de bureautique de Microsoft (dont Teams, où on devrait pouvoir avoir un résumé de visioconférences par notre chère intelligence artificielle) mais aussi dans le plutôt mal-aimé jusque-là moteur de recherche Bing, Google est sur la défensive.
D’abord pour le principe, mais aussi car l’introduction d’une IA dans le moteur de recherche de Microsoft pourrait faire de l’ombre à Google, dont la recherche demeure la principale vache à lait.
Le leader global du search travaille naturellement depuis longtemps sur des projets en IA, mais a été pris de cours par le succès “populaire” d’Open AI.
Il a donc dévoilé sa propre intelligence artificielle :
The new experimental service, called Bard, generates textual responses to questions posed by users, based on information drawn from the web, Sundar Pichai, chief executive of Google parent Alphabet Inc., GOOG -0.63% said in a blog post published Monday.
A noter que Bard est basé sur le programme maison de Google appelé LaMDA = Language Model for Dialogue Applications, qui est une intelligence artificielle générative (i.e. comme Chat GPT, qui répond à une question / demande de l’utilisateur).
Sous la pression des investisseurs, Google (ou plutôt Alphabet, sa maison-mère dirigée par Sundar Pichai), a donc décidé d’accélérer sur l’I.A. :
In response, Google executives have recently sped up work to review and release artificial-intelligence programs to the general public, while also assigning teams of engineers to work on new ways to integrate new developments into areas such as the core search experience, the Journal reported.
Bard est encore en phase de tests, notamment pour éviter les biais.
Souvenons nous initialement que si Google a pris du retard dans la mise à disposition au grand public de son intelligence artificielle c’était avant tout pour des raisons de sécurité, et ce là ou Open AI / Microsoft ont sauté dans le grand bain plus vite (ou plutôt nous ont fait sauter dans le grand bain !).
Et sinon, pour l’anecdote, mais souvent dans les anecdotes, comme dans les digressions, on apprend beaucoup de choses : lors de l’annonce officielle du lancement de Bard mardi à Paris (cocorico 🇫🇷 !), Bard a commis une erreur factuelle (sur la première photo prise d’une planète hors système solaire, qui n’était pas le fait du téléscope James Webb (lancé fin 2021) mais du Very Large Telescope du European Southern Observatory en… 2004.
Google a donc passé un mauvais quart d’heure sur Twitter… et en bourse.
Conclusion : Mais n’oublions pas que nous ne sommes qu’au début de l’affrontement entre les plateformes impériales technologiques à propos de l’IA. Les Américains Apple, Meta / Facebook et Amazon sont déjà très avancés et c’est aussi une priorité stratégique pour les Chinois comme Alibaba, Baidu, Tencent, etc.
Merci !