🇸🇦 🇶🇦 🇦🇪 Pourquoi le Moyen-Orient est le nouveau banquier du monde.
Le Ritz-Carlton de Riyadh est-il le nouveau Palo Alto ?
Chers tous,
Que dire sinon que j’aime le Moyen-Orient dans sa globalité, de Tel-Aviv à Dubaï et Abu Dhabi en passant par Riyad. Of course je n’ai pas tout vu, et j'espère découvrir bien des villes et bien des cultures encore.
J’ai suivi de près le plan 2030 de MBS en Arabie Saoudite et je ne suis donc pas étonné du chemin que prend le royaume en matière d’innovation et d’investissement. J’avais eu la chance d’être invité au très bien organisé MISK Global Forum à Riyad (la fondation de MBS) quelques mois avant la pandémie et l’on sentait, bien sûr, que quelque-chose de vibrant émergeait au coeur du Moyen-Orient.
Le plan de transition des énergies fossiles vers une économie plus digitalisée est en marche donc, de même qu’un désormais de plus en plus en plus non-alignement géopolitique de la part du Golfe (encore une nouveauté géopolitique).
Simultanément, les Émirats ou encore le Qatar sont sortis également renforcés de ces années où de nouveaux centres décidément ont émergé, avec une considérable montée en puissance en matière de capital, et l’on parle ici de tous les capitaux (financiers mais aussi humains, faisant du Moyen-Orient une plateforme puissante en matière de professionnels sophistiqués très performants sur le plan international).
Enfin, les fabuleux accords d’Abraham sont passés par là, et les liens économiques entre la superpuissance technologique israélienne et ses voisins arabes, notamment les Émirats bien-sûr, se sont renforcés. L’accord est à parfaire (n’inclut pas par exemple à ce stade l’Arabie saoudite) mais marque un gigantesque pas en avant. Et pour avoir été de plusieurs fois aux Émirats et être régulièrement en Tel Aviv, je n’avais personnellement jamais douté des très fortes similitudes de ces cultures pro-business où il fait bon vivre (et commercer donc).
Pour éditer l’édition de cette semaine, je me suis appuyé sur deux longs et puissants articles comme la presse anglo-saxonne sait en faire des fantastiques.
Un qui date d’il y a quelques-mois sur l’importance grandissante du capital moyen-oriental —> issu de Bloomberg.
L’autre sur la tech, en particulier la Californie, qui a fait du Golfe son nouveau “go-to” alors que le financement s’amenuise en Occident —> issu du Financial Times.
Je vous souhaite une excellente fin de semaine.
Amitiés,
Grégory
P.S : si vous aimez Chaos Sérénade, n’oubliez pas de le partager à vos collègues, amis, votre famille, etc. !
Oasis d’Al-'Ula en Arabie Saoudite (province de Médine)
🛢️ The New Bankers to the World Aren’t on Wall Street (Bloomberg, January 18, 2023)
Par Dinesh Nair, Matthew Martin, Nicolas Parasie et Archana Narayanan
État des lieux
Dernièrement, quand CS, SBF (de FTX) ou les tycoons asiatiques en difficultés cherchait du capital, ils tapaient tous aux mêmes portes… du Moyen-Orient.
Avec la fin de l’argent gratuit, le cash est devenu un peu plus roi encore. Et les grandes puissantes du Golfe, qui tirent leur puissance initiale des hydrocarbures, en ont justement beaucoup.
La hausse des prix de l’énergie fait que désormais la triade Arabie Saoudite / Abu Dhabi / Qatar gère plus de 3.500 milliards de dollars à travers leurs fonds souverains respectifs (plus que le PIB britannique).
En 2022, les fonds souverains régionaux (« SWF » pour Sovereign Wealth Funds) ont déployé 89 milliards de dollars d’investissement dont près de 52 en Europe et aux États-Unis.
Néanmoins, un capital énorme demeure à déployer (le PIF d’Arabie saoudite dispose de 620 milliards de dollars et QIA du Qatar de 450 milliards de dollars).
Stratégie
On assiste à une stratégie de plus en plus sophistiquée. Le temps de la focalisation principalement sur les « trophy assets » (clubs de foot, luxe, etc.) est révolu et désormais des deals plus transformants pour les économies du Golfe sont en cours de préparation.
C’est que la politique d’investissement des fonds souverains s’articule avec l’ambition géopolitique grandissante de leurs États.
“The region’s sovereign wealth funds unequivocally sit at the top table and have first-look on all global deals,” said Andy Cairns, Houlihan Lokey Inc.’s head of capital markets in the Middle East and Africa. It’s in keeping with a region that’s increasingly “articulating and asserting its economic and political ambitions on a global stage.”
De plus, si le deal-making dans les pays non-producteurs a été considérablement ralenti par la hausse des taux et la situation macroéconomique chamboulée notamment par l’inflation et la guerre, cela n’a pas été le cas chez les pays producteurs d’énergies fossiles.
Géopolitique (et culture)
Du coup, nombreux sont ceux à l’Ouest qui se déplacent en personne en Orient pour trouver des sources de financement… Mais c’est bien-sûr moins simple qu’on ne le pense.
Hungry for cash, companies and banks from around the world are dispatching large teams to cities like Riyadh and Abu Dhabi to pitch investment ideas. But amid the frenzied levels of activity, some executives find themselves waiting days to meet the right officials, people with knowledge of the matter said. And when they make it to the right place, dealmakers can face a complex world, where the biggest decisions often require a nod from the ruling sheikhs, blurring the line between pure investment vehicles and politics, other people said.
C’est que l’on doit fitter dans la stratégie de nation-building des États et d’objectifs en matière de rentabilité. Nombreux sont ceux qui rentrent bredouille, de FTX à Credit Suisse, dont la chute a été précipitée par les déclarations de son actionnaire saoudien qui rappelait qu’ils ne ré-injecterait pas de capital.
Plus généralement, le Moyen-Orient devient une pièce de plus en plus maitresse du jeu d’alliance des grandes puissances occidentales, notamment à travers ses investissements, qui permettent dans une certaine mesure de contrebalancer par exemple la Chine.
QIA a injecté 2,4 milliards d’euros dans le géant énergétique allemand RWE (fittant sa stratégie, qui focalise “on long-term value across a variety of sectors including “tech-enabled industries, renewable and low-carbon energy, and healthcare.”)
Mubadala (Abu Dhabi) a injecté 10 milliards de livres sterling aux UK pour les assister dans leur transition énergétique.
🦄 Silicon Valley VCs tour Middle East in hunt for funding (Financial Times, April 12, 2023)
Par Tabby Kinder et George Hammond
Contexte de la crise du financement
Les investisseurs de la Silicon Valley font face à la plus grande crise du financement du VC depuis près d'une décennie. La baisse des investissements en Amérique du Nord et en Europe pousse les sociétés de capital-risque à explorer de nouvelles opportunités de financement.
Tournant vers le Moyen-Orient
Des investisseurs majeurs tels qu'Andreessen Horowitz, Tiger Global et IVP se tournent vers les fonds souverains du Moyen-Orient pour nouer des partenariats à long terme. Et cela tombe bien, car les pays du Golfe, dont l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Qatar, cherchent à diversifier leur économie en investissant dans des secteurs technologiques, tels que l'intelligence artificielle.
“These visits come after their traditional North American and European backers contend with an economic downturn that has forced them to rein in private investments.”
”The Financial Times interviewed more than a dozen Silicon Valley VCs who control tens of billions of dollars between them, as well as a string of advisers and bankers. They describe a new love affair between US venture funds and Middle Eastern cash.”
Opportunités pour les fonds souverains du Moyen-Orient
Le contexte actuel offre une occasion unique pour les fonds souverains du Moyen-Orient, tels que Mubadala Capital, de jouer un rôle de premier plan dans le développement de la technologie au cours des prochaines années. Les États-Unis considèrent également la région comme une source d'investissement importante pour l'avenir.
On notera, bien-sûr, un léger retournement de situation…
“We came to San Francisco looking for them in 2017. Now . . . everyone is coming to [us],” said Ibrahim Ajami, head of ventures at Mubadala Capital, part of Mubadala Investment Company, a $284bn Abu Dhabi sovereign wealth fund. “The tech correction has humbled the industry.”
Quelques chiffres
Investissement de PIF dans le SoftBank Vision Fund en 2016 : 45 milliards de dollars sur 100 milliards de dollars au total
Investissement direct de PIF dans Uber en 2016 : 3,5 milliards de dollars
Investissement de PIF dans Lucid Motors en 2018 : plus de 1 milliard de dollars
Augmentation prévue des investissements de Qatar Investment Authority aux États-Unis : de 30 milliards de dollars à 45 milliards de dollars, y compris dans la technologie
Merci !